Thaçi rassure les Serbes avant l’indépendance, mais la tension monte

February 15, 2008   | Shtypi / Mediji

15 février 19:13 – PRISTINA (AFP) – Le Premier ministre du Kosovo Hashim Thaçi s’est engagé à protéger les droits de toutes les minorités vendredi avant une proclamation d’indépendance imminente, alors que la tension politique monte et que la possibilité d’une sécession des Serbes de la province augmente.

Kosovo: Thaçi rassure les Serbes avant l'indépendance, mais la tension monteKosovo: Thaçi rassure les Serbes avant l'indépendance, mais la tension monte Le Premier ministre kosovar Hashim Thaçi, le 15 février 2008 à Pristina

AFP – Robert Atanasovski

M. Thaçi avait convoqué la presse et une source à son bureau avait annoncé qu’à cette occasion il “devrait annoncer la date de l’indépendance” de la province du sud de la Serbie à majorité albanaise.

Mais interrogé sur ce point, M. Thaçi a répondu: “Continuons de parler de ce pourquoi nous sommes rassemblés”, à savoir sa promesse d’assurer la “sécurité” de la minorité serbe du Kosovo.

Le chef du gouvernement a de nouveau invité les Serbes à “tourner la page du triste passé” et appelé ceux qui ont quitté le Kosovo à y revenir.

Kosovo: Thaçi rassure les Serbes avant l'indépendance, mais la tension monteUne banderole “Indépendance” déployée à l’entrée de Pristina au Kosovo le 15 février 2008

AFP – Dimitar Dilkoff

“Dans le Kosovo indépendant aucun citoyen ne sera discriminé et toutes les minorités seront bien traitées. Nous garantissons des droits égaux et la sécurité. Le Kosovo est la patrie de tous ses citoyens. Comme Premier ministre, je le garantis”, a-t-il déclaré.

Pristina s’attend à ce que les autorités kosovares proclament l’indépendance dimanche, à la veille d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, qui s’apprête à envoyer sans l’aval de l’ONU une mission dans la province, administrée depuis 1999 par la Mission des Nations unies au Kosovo (Minuk).

M. Thaçi a indiqué à plusieurs reprises que le processus menant à la déclaration d’indépendance était géré “en coordination” avec Washington et Bruxelles.

Belgrade, Moscou et les Serbes du Kosovo (un peu moins de 10% de la population) ont répété avec force ces dernières 24 heures qu’ils rejetteraient la proclamation d’indépendance qu’ils jugent “illégale”. La Serbie a déjà “annulé” jeudi toute décision en ce sens.

Kosovo: Thaçi rassure les Serbes avant l'indépendance, mais la tension monteDes Kosovars albanais paradent avec le drapeau national à Mitrovica le 15 février 2008

AFP – Robert Atanasovski

Le Parlement a approuvé vendredi une procédure d’adoption rapide des lois prévues par le plan de l’envoyé spécial de l’ONU Martti Ahtisaari qui préconise une indépendance sous “supervision internationale” et une large autonomie pour les minorités. Dans les rues, des affiches disent “Merci” aux Américains ou à l’UE, dont la mission doit accompagner les premiers pas du Kosovo vers l’indépendance.

Mais pendant ce temps la possibilité augmente d’une sécession du Nord, limitrophe de la frontière administrative de la Serbie où vivent 40.000 des 120.000 Serbes présents dans la province.

Kosovo: Thaçi rassure les Serbes avant l'indépendance, mais la tension monteLe président serbe Boris Tadic, le 15 février 2008 à Belgrade

AFP – Andrej Isakovic

A Kosovska Mitrovica, ville divisée de cette région, l’Assemblée des municipalités et localités serbes de la province a décidé “d’organiser des élections locales et régionales” et de constituer son propre “Parlement du Kosovo”, en coordination avec Belgrade, aux municipales serbes prévues en mai.

Les forces de l’ordre craignent que des incidents entre communautés serbe et albanaise ne mettent le feu aux poudres. Une explosion d’origine indéterminée s’est produite, sans faire de blessés, dans la nuit de jeudi à vendredi près d’un bâtiment de l’UE à Mitrovica.

La tension internationale a également monté d’un cran.

“Je n’abandonnerai jamais la lutte pour notre Kosovo”, a juré vendredi en prêtant serment le président serbe Boris Tadic, réélu début février.

La veille au Conseil de sécurité de l’ONU, la Serbie et la Russie ont averti qu’elles n’accepteraient jamais l’indépendance du territoire.

“Que ce soit clair: la Serbie n’acceptera jamais aucune violation de son intégrité territoriale”, a déclaré le ministre serbe des Affaires étrangères, Vuk Jeremic, avertissant que la Serbie s’y opposerait par “toutes les mesures diplomatiques, politiques et économiques” possibles.

Belgrade, opposé comme Moscou à l’envoi de la mission de l’UE dans la province, a prévenu que les relations avec les pays qui reconnaîtraient le Kosovo indépendant seraient reconsidérées.

Le président russe Vladimir Poutine, indéfectible allié de la Serbie, a qualifié d'”immoral et illégal” tout soutien à une indépendance “unilatérale”. “Nous avons déjà des réponses toutes prêtes et nous savons ce que nous ferons”, a-t-il mis en garde.

Les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie ont déjà exprimé leur intention de reconnaître rapidement l’indépendance du Kosovo après sa proclamation.

© 2008 AFP