Renouvellement » politique au Monténégro : le grand retour de Milo Djukanovi?

February 6, 2008   | Politika

Après un an et demi d’absence, Milo Djukanovi? va, selon toute vraisemblance, retrouver le poste de Premier ministre qu’il avait abandonné à l’automne 2006, en remplacement de Željko Šturanovi?, atteint d’un cancer et démissionnaire le vendredi 1er février. Une bonne façon pour le leader du Parti démocratique des socialistes (DPS) de ressouder son parti de reprendre en main les rênes du Monténégro.Le leader du Parti démocratique des socialistes (DPS), Milo Djukanovi?, ne revient pas au poste de Premier ministre uniquement par soif de pouvoir, mais pour consolider la situation de son parti, a estimé vendredi 1er février l’analyste Svetozar Jovi?evi?.

Il a déclaré que Milo Djukanovi? revenait dans la politique « en raison de choses importantes » et parce certains membres du DPS sont opposés à la privatisation du secteur électro-énergétique et à la vente de terrains aux étrangers.

Svetozar Jovi?evi? souligne que le leader du DPS a probablement favorisé quelques arrangement avec les sociétés et les personnalités qui ont privatisé le Combinat d’aluminium de Podgorica (KAP). « Une sorte de marché a été passé pour privatiser les grosses entreprises énergétiques ».

« Il est clair pour tout le monde que le KAP ne pourrait exister sans bénéficier d’électricité bon marché », a dit Jovi?evi? à l’agence MINA. Il a souligné que les privatisations étaient des opérations autour desquelles se cristallisent les conflits. « Certains sont diamétralement opposés à Djukanovi? et à son principal conseiller économique, Veselin Vukoti? », constate Svetozar Jovi?evi?.

Il a également souligné que des divergences sont survenues au sujet de la nomination de Željko Šturanovi? au poste de Premier ministre, et du candidat à la présidence.

Svetozar Jovi?evi? pense que la volonté de la coalition au pouvoir de nommer le Premier ministre pendant la période préélectorale des débats parlementaires télévisées, « sans occasion particulière », est discutable. « Ils font cela pour éviter que l’opposition ne profite de la session parlementaire pour présenter son programme et pour parer à l’éventualité que le Premier ministre soit élu parmi les rangs de l’opposition. Dans ce cas, il est très contestable de donner le mandat à Djukanovic », estime Jovi?evi?.

Sr?an Darmanovi?, doyen de la faculté de Sciences politiques, pense qu’il est normal que Milo Djukanovi?, dirigeant du parti le plus puissant, soit le Premier ministre.

« A vrai dire, il est normal dans les pays démocratiques que le chef du parti au pouvoir soit Premier ministre. C’est ce que je pensais avant et je continue de penser qu’une situation où le chef du parti au pouvoir n’est pas Premier ministre n’est pas saine pour le système parlementaire. Si Djukanovi? devient Premier ministre, nous revenons à une situation normale jusqu’aux prochaines élections » a déclaré Darmanovi? à la Radio Antena M. Il a estimé que le Président Filip Vujanovi? avait légalement le droit de désigner le Premier ministre, bien que les élections présidentielles soient fixées au 6 avril prochain.

Il a souligné que le gouvernement change en raison de la démission du Premier ministre, et non pas pour des raisons politiques. Filip Vujanovi? laisse le soin de former le nouveau gouvernement à la coalition gouvernante.

Svetozar Jovi?evi? pense que Milo Djukanovi?, en reprenant le fauteuil de Premier ministre, peut « redonner confiance dans le DPS à des électeurs quelque peu ébranlés ». Toutefois, il ajoute que si Milo Djukanovi? remplaçait le ministre démissionnaire, cela « se ferait sans doute d’une manière moralement contestable ».

« Au vu de l’état de santé de Šturanovi?, qui était connu, je m’attendrais à ce que quelqu’un du gouvernement exerce les fonctions de Premier ministre en intérim, jusqu’à ce que Šturanovi? se rétablisse et revienne à son poste ». Svetozar Jovi?evi? souligne aussi qu’il est surpris d’entendre ces rumeurs sur le retour de Djukanovi?. « Il n’est pas naturel de voir quelqu’un qui a été si longtemps au pouvoir, et durant des périodes difficiles, désirer s’atteler de nouveau à ce travail. Selon lui, il n’est pas normal non plus que quelqu’un lancé dans les affaires, décide brusquement de tout quitter.

Les « affaires » de Milo Djukanovi?

« Si Milo Djukanovi? est de nouveau Premier ministre, il peut rester propriétaire de ses sociétés, mais il devra en laisser la gestion à quelqu’un d’autre », a déclaré le président de la Commission chargée d’empêcher les conflits d’intérêts, Slobodan Lekovi?.

« Il devra exercer sa fonction publique conformément à la loi sur les conflits d’intérêts en vigueur, mais s’il a ses propres sociétés, il devra transférer le droit de gestion à des tiers. Par conséquent, il ne peut pas faire partie du conseil d’administration, ni avoir le poste de président, ni celui de directeur exécutif. Il peut être fondateur, il restera toujours le propriétaire, mais il devra en céder la gestion à une tierce personne », a déclaré Slobodan Lekovi? à la Radio Antena M.

Après avoir quitté son poste de Premier ministre, Milo Djukanovi? a fondé trois compagnies : Kapital invest et Prajmari invest, des sociétés de consulting et de management ainsi que Selekt invest qui s’occupe de biens immobiliers.

Durant la même période, Milo Djukanovi? a acheté avec un crédit d’un million et demi octroyé par la London bank près de 7% des actions de la Prva banka, dont le principal actionnaire est son frère Aco Djukanovi?.

« La loi sur les conflits d’intérêts stipule qu’un fonctionnaire public peut posséder ses propres entreprises », conclut Slobodan Lekovi?.

Par Br.M.

Traduit par : Persa Aligrudi?

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