La double vie de Sabbataï Tsevi, messie autoproclamé et « gardien » de la ville d’Ulcinj

Traduit par Persa Aligrudi?
Cabaliste, réformateur du judaïsme, Sabbataï Tsevi nacquit à Smyrne en 1626. Rassemblant de plus en plus de disciples, il se proclama Messie. Le Sultan l’exila dans la citadelle maritime d’Ulcinj, à l’extrémité occidentale de l’Empire. Officiellement devenu musulman mais pratiquant toujours en secret les rites hébraïques, Sabbataï Tsevi y termina sa vie, mais l’emplacement de sa tombe demeure mystérieux. Ce personnage de légende, inspirateur de nombreux courants mystiques du judaïsme, fait partie de la légende d’Ulcinj…

Par Samir Adrovi?

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Sabbataï Tsevi
Portrait par un témoin occulaire, Smyrne (1666)

« Il est interdit de photographier à l’intérieur, mais à l’extérieur, c’est permis », nous dit aimablement Zejnepa Nimanbegovi?, née Mani?, qui garde et entretient la supposée colonne sépulcrale de Sabbataï Tsevi.

Messie ou rabbin, juif ou musulman, le « gardien des portes du Sultan », dont la tombe se trouverait dans une propriété privée à Ulcinj ou dans un autre endroit de cette ville, Sabbataï ou Sabtaï, reste un mystère pour de nombreux experts dans le monde, qui étudient la vie et l’œuvre de Sabbataï Tsevi, le fameux réformateur du livre saint des Hébreux, le Talmud.

L’un de ceux qui sont fascinés par le destin et la personnalité peu commune de cet homme est Srdja Pavlovi?, professeur à la chaire d’histoire et d’études classiques de l’Université Alberta à Edmonton, au Canada.

Lors d’un récent séjour au Monténégro, Srdja Pavlovi? nous expliquait que l’extraordinaire histoire de Tsevi, tant au niveau local que régional, l’avait incité à se lancer dans le projet : « Le regard du Messie : le dernier port de Sabbataï Tsevi », et d’y intégrer les éléments ulcinjiens, monténégrins et méditerranéens, « étant donné que sur cet espace, et en particulier à travers le rôle joué par Sabbataï Tsevi, se sont entrecroisés non seulement divers conquérants et armées, mais différentes religions, traditions et cultures ».

Le « gardien » de la ville d’Uclinj

Ismet Karamanaga, chroniqueur de l’histoire d’Ulcinj, affirme que le fameux réformateur religieux est resté dans la mémoire populaire comme le gardien de la ville, un orateur d’une intelligence au-dessus de la moyenne, doté d’une grande autorité. Bel homme, il eut trois femmes (dont la plus connue est Sara Elhaun, qui s’est convertie à l’islam en même temps que lui). Il a écrit sur l’herbe qui poussait sur les rochers d’Ulcinj, protègeant les dents contre le scorbut.

« On dit qu’il n’est sorti que deux fois de la forteresse, la première lorsqu’il a visité le monastère de Rotaci à Bar, et la seconde pour s’assurer des beautés de la vieille ville de Sva? et visiter le lac de Šaš », relate Ismet Karamanaga, qui suggère que le nom de Tsevi se prononçait Sabtaï au Monténégro. Ismet Karamanaga ajoute que malgré le fait qu’il se soit converti à l’islam, Tsevi est resté Juif par l’esprit.

« En témoigne le lieu où Tsevi se recueillait, alors qu’il était supposé être musulman : au troisième étage de la Tour des Balši? où il vécut, on remarque encore des étoiles de David gravées dans la pierre. Il y gardait aussi ses livres et l’on sait de façon fiable ce qu’il lisait. »

Srdja Pavlovi? confirme également que Tsevi est resté Juif après sa conversion à l’islam : « dès l’instant où il s’est converti à l’islam, Tsevi pratiqua officiellement et publiquement cette religion, il se comportait comme un officiel ottoman. Cependant, dans la sphère privée, il continua à pratiquer les rites juifs ». À la différence d’Ismet Karamanaga, Srdja Pavlovi? affirme que Tsevi séjournait souvent en dehors des antiques murailles de la citadelle d’Ulcinj.

« Après avoir été exilé à l’extrémité de l’Empire, à Ulcinj, Tsevi continua sa double vie. Ses fréquentes visites à Berat, en Albanie, ont probablement été motivées par l’existence d’une importante communauté juive dans cette région. Il serait intéressant de découvrir si les membres de la communauté juive de Berat et de ses environs étaient en fait les adeptes de Tsevi qui l’auraient suivi depuis Izmir, après son exil », souligne Pavlovi?.

« Outre le fait qu’il ait, sous l’influence de son maître, Nathan de Gaza, démonté et de nouveau interprété la kabbale, Sabbataï Tsevi fut le dernier d’une série de présumés faux messies de l’hébraïsme et, dans ce contexte, il possède une dimension spécifique. Tsevi s’est converti à l’islam après une tentative manquée de déstabilisation du sultan ottoman. Il fut gardé en captivité deux ans sur une île du Bosphore. Après sa conversion, il reçut le nom de Mehmed-efendi et fut désigné « gardien des portes » du sultan. Ses adeptes ont interprété ce changement de religion comme une preuve définitive et irréfutable qu’il était réellement le messie, car il avait réussi à surmonter les plus grandes tentations », explique Srdja Pavlovi?.

Sabbataï Tsevi est mort à Ulcinj en 1676 et l’on suppose que sa tombe a été gardée pendant des siècles par la famille Mani? d’Ulcinj.

« Tsevi fut enterré dans la colonne sépulcrale près de la mosquée, et sa tombe se trouve dans une propriété privée. Elle ne porte pas d’inscription et il est rare que quelqu’un la visite. On dit que Tsevi, avant de mourir, avait souhaité être enterré à un endroit d’où l’on voit la mer. Je ne sais pas si son désir a été exaucé, mais je suis sûr qu’on a une vue sur la mer du lieu présumé de sa tombe », raconte Ismet Karamanaga. Il souligne que le mystère entourant la vie et la mort de Tsevi pourrait être valorisé à des fins touristiques, si la science, à l’aide des analyses ADN prouvait établir de façon sûre le lieu où repose la dépouille du messie autoproclamé.

« Les Juifs n’ont jamais pardonné à Tsevi sa conversion à l’islam. Pourtant, sa vie, son messianisme et sa promotion de la religion juive sont aujourd’hui encore étudiés par des historiens du monde entier. Je suis sûr que des millions de Juifs à travers la planète voudraient venir sur sa tombe », estime Ismet Karamanaga.

Les Balkans comme carrefour

Srdja Pavlovi? souligne que l’histoire de Sabbataï Tsevi présente les Balkans d’une façon moins stéréotypée que celle véhiculée par l’Occident.

« L’histoire de Sabbataï Tsevi raconte les Balkans comme un lieu où des populations diverses ont vécu et travaillé, comme une région où repose un des mystiques les plus étonnant du judaïsme, un endroit où est né l’empereur romain Constantin, comme la zone où s’enchevêtre les mystiques antiques et slaves. On découvre aujourd’hui un temple antique, un aqueduc romain, la mystique juive et un faux messie, gardien des portes du sultan, mais on raconte toujours, avec la même force, l’histoire du mont Lov?en et de l’antique Ulcinj », constate Srdja Pavlovi?.

Pour lui comme pour Ismet Karamanaga, l’histoire de Tsevi pourrait être valorisée de façon bien plus notable, « car c’est un personnage très important du judaïsme ».

« D’ailleurs, quatre à cinq mille pages d’études ont été écrites sur Tsevi, en général en anglais. Il ne s’agirait donc pas de faire de la commercialisation bon marché, mais de promouvoir une valeur culturelle de notre région. Bien entendu, le principe à respecter serait de garder la dignité du souvenir de la personne qui, à son époque, a marqué la région d’Ulcinj et les événements religieux parmi les Juifs au dix-septième siècle. En même temps, cette personne avait, et a toujours, une grande influence dans la vie religieuse de la population musulmane de cette ville littorale », estime Srdja Pavlovi?. Il ajoute que l’énigme de la tombe de Sabbataï Tsevi à Ulcinj « jette subtilement une nouvelle ombre sur tout ce mystère ».

Le mystère de la tombe de Sabbataï Tsevi

« Des indices montrent qu’il s’agit de la tombe de Sabbataï Tsevi. C’est un lieu puissant, au sein même de la ville et c’est un foyer religieux, où les visiteurs sont de fidèles pèlerins. Ce « temple » porte en soi de nettes marques de l’islam, tandis que les éléments de judaïsme sont pratiquement insignifiants. Donc, il s’agit de la nouvelle vie de Sabbataï Tsevi, mais les faits ont moins d’importance que la manière dont nous nous rappelons et dont nous faisons mémoire du passé », souligne Srdja Pavlovi?.

La conservatrice principale des musées d’Ulcinj, Mileva Nikolaidis, souligne qu’elle s’est engagée depuis longtemps à la valorisation touristique de l’histoire de Sabbataï Tsevi. « Ces dernières années, de nombreux historiens et des professeurs des facultés israéliennes m’ont rendu visite et se sont intéressés à la tombe de Tsevi. Ils étaient disposés à financer l’analyse de la dépouille se trouvant dans la propriété des Mani? afin d’établir s’il s’agit réellement du lieu où repose le fameux réformateur. Or, les Mani? ont informé les Israéliens que la colonne sépulcrale renfermait les restes d’un certain Muhamed Dadaï et non pas ceux de Mehmed-éfendi, ce qui confirmerait finalement le souhait de Tsevi d’être enterré à un endroit d’où l’on voit la mer ». Elle suggère que la valorisation touristique autour de Tsevi pourrait aussi s’étendre à la Tour des Balši?.

« Je pense que pour commencer, il suffirait d’attirer les touristes à l’endroit où Tsevi a vécu et travaillé, où il faisait ses prières et, en même temps, où il contemplait les étoiles de David qu’il avait gravées dans l’ouverture de la cheminée », dit-elle.

Comme le raconte Avdo Mani?, membre de la famille qui garde la présumée tombe de Sabbataï Tsevi, l’Institut pour la protection des monuments avait proposé de transférer le tombeau familial des Mani? dans un endroit de leur choix en ville et de faire de l’édifice où se trouve la colonne sépulcrale un musée. « La famille a refusé immédiatement cette proposition en restant ainsi fidèle à sa tradition », assure Avdo Mani?.

La colonne sépulcrale supposée contenir les restes de Tsevi se trouve dans un édifice construit dans la propriété de la famille Mani?, jouxtant le cimetière familial. La famille ne permet pas de photographier la tombe située au milieu de l’édifice et sur laquelle se trouve le turban supposé avoir appartenu à Tsevi. Zejnepa Nimanbegovi? souligne que cette interdiction est une ancienne tradition familiale respectée depuis des siècles.

Son cousin Avdo Mani? ajoute que Mehmed-éfendi venait quelques fois chez les Mani? pour faire ses prières. « La légende raconte qu’ici, le thaumaturge a sauvé deux garçons d’une mort certaine, et qu’il a demandé en retour à être enterré en ce lieu », dit-il.

Du messie au « gardien des portes » du Sultan

Le projet « Le regard du Messie : le dernier port de Sabbataï Tsevi », sur lequel travaille Srdja Pavlovi? est, selon lui, la synthèse « d’une analyse académique et d’un film documentaire illustrant la vie et le travail de cet homme qui fut un kabbaliste célèbre, rabbin, gardien des portes du sultan au XVIIe siècle, premier de la lignée de la secte des sabbatistes et dernier des présumés faux messies du judaïsme ».

Srdja Pavlovi? se dit fasciné par la Méditerranée et ses diversités culturelles, religieuses et politiques. Selon lui, cette région fonctionnait précisément grâce à ces altérités. Et Sabbataï Tsevi représente la sublimation de ces diversités et la confirmation qu’une cohabitation est toujours possible.

Sabbataï Tsevi est né en 1626 à Smyrne, l’actuel Izmir, un des grands centres de l’Empire ottoman. Il était issu d’une éminente famille juive, et était considéré comme très érudit et très sage. Ses concitoyens croyaient que c’était l’homme qui ferait revenir le peuple juif en Israël et en Palestine.

A 40 ans, incité par son génie, ses prémonitions et l’euphorie qui s’était répandue au sein de l’opinion publique juive, Tsevi déclare être un nouveau messie. Au nom de sa puissance prophétique et divine, il appelle le Sultan Mehmed IV à renoncer au Coran et à accepter le Talmud. Une demande qui, bien sûr, ne plut guère au Sultan qui le fit emprisonner. Toutefois, ce dernier lui laissa la vie sauve à la condition qu’il se convertisse à l’islam et change de nom.

Sous le nom de Mehmed-éfendi, un turban sur la tête, Sabbataï Tsevi, sa femme, son frère et 29 autres familles, furent exilés à Ulcinj, à l’extrême limite occidentale du grand Empire ottoman où, jusqu’à sa mort mystérieuse, il fut le « gardien des portes du Sultan ».
Izvor / Vijesti

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